Pour ceux qui se croient toujours jeunes…

En prenant de l’âge, sans avoir perdu la raison, on se doit de porter en silence son fardeau de problèmes de santé et de maux divers.
Mais, quand même, il y a tout lieu de se dresser contre certaines absurdités de la vie quotidienne.

Le coin de ma rue est désormais deux fois plus éloigné qu’avant. On y a même ajouté une montée que je n’avais jamais remarquée.

Je ne peux plus, comme jadis, courir après le bus ; celui- ci, semblet-il, démarre désormais beaucoup plus vite qu’avant.

Partout où je vais, les marches d’escalier sont faites beaucoup plus hautes qu’elles ne l’étaient il y a une vingtaine d’années.

Les journaux ont, de nos jours, une fâcheuse manie de faire usage de caractères de plus en plus petits, qu’il est bien difficile de déchiffrer.

Cela ne sert plus à rien de demander aux gens de parler distinctement ; ils se sont mis à marmonner si bas qu’on n’arrive plus à les entendre.

L’industrie du prêt à porter produit des vêtements de plus en plus étriqués ; ceux-ci vous serrent tous à la taille et aux hanches sans que l’on en connaisse la raison.

Les jeunes eux-mêmes ont bien changé ; ils paraissent tous plus jeunes que moi à leur âge.

D’un autre côté, les gens de mon âge semblent bien plus vieux ; un ami que j’ai rencontré l’autre jour avait tellement vieilli qu’il m’a été impossible de le reconnaître ; il est vrai qu’on ne s’était pas vu depuis mai 68.

Je réfléchissais à tout cela ce matin en faisant ma toilette ; je me suis alors rendu compte que les miroirs eux-mêmes ont changé : ils ne sont plus d’aussi bonne qualité que jadis, la preuve en est qu’on ne s’y reconnait plus…

C’est drôle, quand même, comment les gens et les choses qui nous entourent peuvent changer avec le temps. On pourrait finir par croire que l’on vieillit autant et aussi vite qu’eux…

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